Ballade dans le cimetière de Montmartre

Le cimetière de Montmartre fut ouvert le 1er janvier 1825.  Il est installé à l’emplacement des anciennes Carrières de Montmartre réputées pour leur gypse dont on fit un plâtre utilisé sur grande échelle dans la capitale. Si, aujourd’hui, cette paisible nécropole vallonnée, où Berlioz aimait tant venir se promener, jouit de la faveur des Parisiens, il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, le site sur lequel elle s’inscrit est plutôt de sinistre réputation. Au XVIIIe siècle, les terrains occupés par le cimetière actuel donnent accès aux carrières de plâtre nombreuses dans ce secteur. A la Révolution, ces exploitations, abandonnées, servent de fosse commune aux victimes des émeutes, dont plusieurs centaines de Gardes suisses tués aux Tuileries le 10 août 1792. Bientôt, et durant quelques années, cette nécropole, dite des Grandes-Carrières ou encore de la Barrière-Blanche, reçoit les corps d’une bonne partie des Parisiens qui ne peuvent plus être enterrés dans la capitale, à la suite de la fermeture de tous les cimetières intra-muros. Ils y sont inhumés dans des conditions déplorables. Pour mettre un tenue à cette situation, la Ville de Paris achète, en septembre 1798, au sieur Aymé, un terrain d’un peu plus d’un hectare afin d’offrir à la population d’une partie de la rive droite un cimetière décent et non plus un dépotoir. Baptisé ” Champ du Repos ” ou ” cimetière sous Montmartre”, il se révèle malheureusement bien vite insuffisant. Les tentatives d’agrandissement ayant échoué, il doit fermer quelques années plus tard. Il faut cependant trouver une solution. A la suite de la restructuration du quartier entre 1818 et 1824, un nouveau cimetière, dix fois plus grand, est aménagé et devient, l’année suivante, l’actuel cimetière de Montmartre. Ajoutons encore, pour clore le chapitre historique, que pendant près de trente ans, dans la deuxième partie du siècle dernier, il a été presque deux fois plus grand qu’il ne l’est maintenant. En 1847, en effet, avaient été annexés des terrains voisins, d’une superficie de 9 hectares, composant le quadrilatère formé désormais par les rues Etex, Coysevox, Marcadet et Eugène-Carrière. Cette partie, réservée aux concessions temporaires et gratuites, a été désaffectée en 1879, date à laquelle ces concessions ont été transférées dans les cimetières parisiens extra-muros. On y accédait par un tunnel, aujourd’hui muré, au bout de l’avenue du même nom. Sur une portion des terrains ainsi dégagés ont pu être créés, entre autres, l’hôpital Bretonneau et le square Carpeaux. Depuis cette époque, le cimetière est resté pratiquement inchangé, hormis la prolongation de la rue Caulaincourt jusqu’au boulevard de Clichy par un pont métallique construit en 1888, puis élargi en 1987-1988. Une anecdote tragique : un ancien conservateur du cimetière, monsieur de Vaulabelle, voulant vérifier le bon fonctionnement d’un judicieux système de pièges avec mise à feu, destiné aux pilleurs de sépultures, s’envoya une décharge mortelle en pleine poitrine. D’autres chroniqueurs affirment qu’il fut tué accidentellement, au cours d’une ronde nocturne, par un gardien qui l’aurait pris pour un voleur. Peu importe comment, le fait est qu’il fut bel et bien “victime de son devoir”. Cela se passait le 15 janvier 1856. Aujourd’hui le cimetière de Montmartre compte plus de 20 000 concessions et 500 personnes environ y sont inhumées chaque année. [gallery columns="4" link="file" size="large" ids="6303,6304,6305,6306,6307,6308,6309"]
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