Ce qui est petit est beau : Small is beautiful

« Small is beautiful : ce qui est petit est beau… Après avoir vu le chouette film de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global » sur l’agriculture intensive et ses alternatives, on pouvait penser qu’on avait fait le tour du sujet ou en tout cas que, rassasié, on ne voudrait plus en entendre parler pendant un bout de temps. Eh bien non, pas du tout. Six mois après, on a pris un grand plaisir et un grand intérêt, tout frais, tout nouveaux à voir Small is beautiful. Ce qui nous fait dire que le sujet est en fait loin d’être épuisé et que tout dépend de la façon dont il est abordé. Et Agnès Fouilleux apporte plein de choses nouvelles, approfondit la réflexion, précise les enjeux. Très fouillé, rigoureux, percutant, généreux, aussi vivant que pédagogique, son film ne se contente pas d’expliquer pourquoi, comment et au profit de qui la production agricole s’est industrialisée ; il montre aussi, à travers la désertification des campagnes, l’empoisonnement de l’eau et des sols, la stérilisation des paysages, la confiscation des semences, la faim qui continue à accabler des populations entières.. à quel point cette agriculture industrielle s’est coupée de la réalité de la terre et des hommes, à quel point elle est mortifère pour l’avenir de la planète et de l’humanité. Pour que rien ne nous échappe, Agnès Fouilleux donne la parole à des paysans, des universitaires, des chercheurs, des militants, des élus… et même à un lobbyiste sans état d’âme. Chaque intervention enrichit le propos, rend palpables les problèmes, renforce la cohérence du raisonnement. Dans un souci de mise en perspective historique, elle a l’excellente idée de nous faire entendre la voix d’Edgar Pisani, ancien Ministre de l’Agriculture et inventeur de la PAC (Politique Agricole Commune) qui reconnaît : « si l’on compare la quantité produite, le coût de la production, l’eau et l’énergie consommées, l’emploi créé, on arrive à la conclusion qu’il vaut mieux avoir 100 fermes de 50 hectares qu’une seule ferme de 5000 hectares. Je ne pense pas qu’il faille aller jusqu’à revenir à l’ancien mais il faut trouver un autre équilibre que celui que nous avons eu l’erreur de croire bon. » Parmi les porteurs d’espoir, il faut entendre ce vieux paysan, ancien adepte de la pratique industrielle, qui explique les raisons de son changement de philosophie et le bonheur qu’il en éprouve. Ou Raoul Jacquin, co-fondateur de l’association Kokopelli (association pour la libération des semences et de l’humus), dont les aphorismes poétiques, le langage aussi fleuri que ses légumes sont enthousiasmants. Les alternatives sont là, elles existent, Agnès Fouilleux nous en montre quelques unes en action et qui marchent ! Vous l’aurez compris, ce film prouve une fois de plus que l’agriculture industrielle et la logique marchande imposée par les multinationales nous mènent droit dans le mur… Mais direz-vous, nous le savons tous maintenant : les « Grenelles » successifs l’attestent. Alors pourquoi ça coince, pourquoi les choses sont-elles si lentes à se dénouer chez nos gouvernants ? Depuis des années ils essaient de réformer la Politique Agricole Commune en profondeur, mais en vain. La haute assemblée du Parlement européen doit débattre d’une des plus importantes réformes de la PAC (réforme promise pour 2014). Cette réforme est capitale pour l’avenir de l’Europe, pour les petits producteurs, pour notre alimentation, notre santé, la gestion des territoires, notre environnement, mais y arriveront-ils ou resteront-ils encore et toujours empêtrés dans les gros filets des lobbies de l’agro-industrie ? Ah… si le film pouvait être diffusé en boucle dans l’hémicycle européen… Le déclic, tant espéré pourrait-il avoir lieu ? »
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